Des deux on dirait toujours que c'est Elyas le plus fort. Ce que les autres n'imaginent pas c'est que s'il peut se permettre d'être imbattable (implacable), c'est justement car il a (et aura toujours) Elior. Sans lui il semble s'égarer si vite. Elior incarne dans son existence chaotique un symbole de stabilité et de confiance, de complicité absolue dans laquelle il peut fermer les yeux et se laisser tomber, entièrement ; car il sait que même s'il s'abandonne lui-même, Elior le rattrapera toujours, aussi bas puisse-t-il s'être enfoncé, aussi loin puisse-t-il s'être éloigné. * * * Puis un jour Elior lui a dit - en criant et pleurant, de coups et de plaintes : "Je t'aime" et tout sembla prendre un sens. Une déferlante d'émotions et d'amour libérée d'un coup qui justifia tout : les non-dits et leur intimité toute particulière, les gênes et les regards. Complémentaires comme s'ils avaient été destinés, ils sortent ensemble depuis, entretenant une relation fusionnelle dont l'équilibre semble irréel. Tout en traversant des schémas relationnels habituellement malsains, ils les démontent et les subliment, et chaque jour qui passe renforce un peu plus leur amour et leur confiance qui déjà avaient l'air inébranlables.

Achille est un réceptacle de colère et de frustration. Dans sa beauté indécente et son indécence irritante, il est venu chercher Elyas là où toutes ses émotions étaient retenues prisonnières, muselées, mises à terre. En aucun cas il n'a apparenté son attirance à de l'amour, mais Elyas était comme hypnotisé, obsédé, et peut-être était-il tombé amoureux de cet état libéré - déchaîné - qu'il faisait vivre en lui. Elyas n'a aucun regrets concernant Achille, mais désormais il est comme interdit de lui parler ou de considérer son existence, comme interdit de simplement le regarder.

Robin est comme un enfant, et dans cette naïveté et cette spontanéité dont il fait toujours preuve, Elyas a trouvé quelque chose à protéger ; l'innocence. Conscient de toutes les qualités merveilleuses qui se dégagent de lui, il s'est refusé à l'idée qu'il soit perverti, ou gâché, et il s'est donné comme mission de ne jamais le laisser tomber. Parfois c'est tel qu'il se montre étouffant avec lui, comme le serait une maman poule avec son poussin. Et c'est un peu ça, en vérité, Elyas a l'impression de protéger l'enfant blessé à l'intérieur de lui, en projetant cette part d'humanité sur Robin qui est encore dénué de toute morosité.

C'est dommage ; du gâchis. Maximilien est quelqu'un de passionnant, et Elyas de curieux. Sa volonté de devenir toujours meilleur le pousse à s'entourer de personnes qui peuvent lui apporter un quelconque tremplin, et Maxi fait partie de ceux-cis. Mais voilà : il est aussi le meilleur ami de Ace et puisque ni Maxi ni Elyas ne sont friands de la tension qu'il oblige par sa présence, ils préfèrent sacrifier l'hypothétique évolution positive de leur relation et ne rester que des amis occasionnels (et coéquipiers) plutôt que d'encaisser le froid polaire instauré par Ace à l'égard de Elyas.

Pour une raison qui échappe encore à Elyas, Ace l'a mis sur un piédestal aveugle duquel il a décidé de le faire chuter. Elyas n'a habituellement rien contre la compétition lorsqu'elle lui apporte un moteur pour devenir meilleur, mais Ace la rend malsaine, l'imbibe de jalousie et de haine. Il la subit donc avec dépit, frustré de ne pouvoir juste partager avec lui, plutôt que de toujours devoir le combattre, alors qu'il se trouve être le mieux placé pour comprendre sa détresse - et réciproquement.

Alec fait partie de son équipe de volley, et avant d'être son coéquipier, il est surtout son ami. Il le respecte pour l'énergie qu'il déploie, et tout ça qu'il dépense sur le terrain et qui leur offre des opportunités ; des points ; la victoire. Parfois il a l'impression de ne pas être à sa place, entre lui et Aglaé, spectateur d'un drame dans lequel il est impuissant et tiraillé. Mais tant pis pour ça, il ne laissera aucune histoire gâcher aucune amitié.

Perseus faisait partie du club de volley, mais son séjour n'y fut que de courte durée. Elyas est exigeant, intransigeant, et il ne s'agissait pas de quelques échecs, mais d'une réelle médiocrité. Passait s'il s'était amélioré, mais rien n'y fit, et déterminé à porter son équipe au sommet, il devait se débarrasser des boulets. Alors il l'a fait sortir, et depuis leur relation est entachée de tensions et de mépris. Comme des enfants ils se chamaillent, sans jamais vraiment en venir aux mains. Les remarques se perdent et les mauvaises plaisanteries foisonnent. Ils se cherchent comme le feraient des gamins qui refusent de faire la paix.

Les colères d'Aglaé sont pleines d'une haine acide et mordante, les colères d'Aglaé sont dites avec la voix qui rend faible et amoureux. Il l'a aimée c'est vrai, mais de désirs sans actes et de regards sans pensées. Il s'est laissé bercer par sa voix sans se battre contre et a entendu derrière ses chants une détresse immense. Aglaé derrière une force combative et assassine a caché trop de larmes et de fissures, et ça l'a touché un peu là il fallait. Alors il s'est promis de se battre lui aussi, pour rendre hommage à un des visages qu'il aura aimé dans sa vie.

Blanche est la princesse d'un royaume pour lequel il donnerait tout afin qu'il soit merveilleux et prospère. Blanche il l'a aimée d'un amour sincère, ils ont partagé une intimité pleine de tendresse et l'ont quittée aussi doucement qu'ils l'avaient débutée. Il n'y a ni rancune ni orgueil qui puisse tendre à empoisonner son coeur quand Blanche est à ses côtés, car il semblerait que ces sentiments amers n'aient pas sa place dans son univers à elle. Elle est la seule qui puisse être entre lui et Elior sans avoir l'air de trop, et tous les deux - il le sait - préféreraient voir le monde entier brûler et s'effondrer que de la voir souffrir.

Les premiers souvenirs qui lui sont liés lui paraissent si éloignés qu'ils en deviennent imperceptibles. Les sourires et les rires qu'ils ont échangé dans le passé sont comme un rêve ; quelque chose qui n'aurait jamais vraiment existé. Tout ça a été balayé par les flammes, incendié. Désormais Elyas l'accuse par lâcheté, car il se sent incapable de la regarder sans se meurtrir, incapable de ne pas se remémorer les drames lorsque ses yeux lui murmurent encore de lui pardonner. Parfois il entend ses larmes et ça le bute, elle n'a même pas besoin d'être là pour qu'il la voie et ça le brûle. Il se sent toujours harcelé, alors que ça fait bien longtemps qu'elle a abandonné l'idée de recevoir quoique ce soit de sa part. Et comme d'habitude, c'est quand elle n'attend plus rien qu'il finit par lui donner. Un cornetto et rien de plus.

ça arrive.

Les colères d'Aglaé sont pleines d'une haine acide et mordante, les colères d'Aglaé sont dites avec la voix qui rend faible et amoureux. Il l'a aimée c'est vrai, mais de désirs sans actes et de regards sans pensées. Il s'est laissé bercer par sa voix sans se battre contre et a entendu derrière ses chants une détresse immense. Aglaé derrière une force combative et assassine a caché trop de larmes et de fissures, et ça l'a touché un peu là il fallait. Alors il s'est promis de se battre lui aussi, pour rendre hommage à un des visages qu'il aura aimé dans sa vie.

Avec Meredith, il pensait qu'ils s'aimaient, qu'ils partageaient un monde à deux et qu'ils s'y complaisaient. Et puis un jour tout s'est arrêté, elle a tout arrêté. Sans une explication, elle l'a laissé derrière et ne s'est pas retournée. Peut-être qu'il s'était trompé, et qu'ils ne s'étaient pas aimés. Peut-être qu'il s'était trompé, et qu'il l'avait profondément blessée. Peut-être qu'il s'était trompé, et qu'elle avait trouvé mieux ailleurs. Peut-être qu'il s'était trompé, mais Elyas est devant un mur que rien ne peut briser ; un silence le plombe et l'assassine. Elyas ne sait pas et c'est ça qui le rend fou, obsédé. Et à cause des non-dits, il s'interdit de l'oublier.

D'acidités et de ricanements, Gabrielle et Elyas aboient plus qu'ils ne mordent, car derrière des milliers de moqueries - de railleries - se cache en vérité beaucoup de complicité. Peut-être même que s'ils n'avaient pas tous les deux autant de fierté, ils ne se seraient pas si bien entendus, car c'est toujours dans ces moments où ils grognent qu'il se sent le plus en symbiose avec elle. Tous les deux capitaines de leur équipe respective, ils s'entraînent et s'affrontent, et chaque victoire, chaque défaite le stimule plus qu'il ne veut bien l'admettre. Sans doute qu'il ne se battrait pas avec tant de détermination si elle n'était pas là.

Astéra peut bien faire semblant qu'elle est forte, mais Elyas n'est pas aveugle et encore moins sourd. Dans toutes ses tentatives pour s'affirmer, elle a l'air d'une enfant frustrée qui n'aurait jamais été écoutée. Elyas a énormément de respect pour la détermination avec laquelle elle a l'air de se battre sans cesse, et des sacrifices qu'elle semble faire pour son frère, mais il n'a aucune intention de la laisser se tuer ainsi. De ce fait il se fait héros - justicier - dans l'ombre, il l'allège de poids sans savoir que ça la blesse plus que ça ne l'aide. Mais tant pis, pour ça, il peut bien porter le costume du méchant, si ça lui permet de survivre un peu plus longtemps.

Nerissa est dans la même classe que lui, et subit les mêmes injustices. S'ils ont pourtant été gâtés par le système de récompenses, ils n'en vivent pas moins un enfer. Nerissa et Elyas se savent, et ils sont terriblement conscients de leur impuissance. Comme une illusion pour palier à ça, ils s'encouragent, se supportent, se soutiennent, et c'est tout ce qu'ils sont capables de faire ; comme si ça pouvait à peu près cacher leur terrible misère.